Les médicaments somnifères ou hypnotiques sont largement répandus et utilisés en France pour traiter les problèmes de sommeil. Mais qu’est-ce qu’un hypnotique exactement, et comment fonctionne-t-il ? Quels sont les risques associés à ces médicaments ?
Qu’est-ce qu’un Somnifères ?
Un hypnotique, souvent appelé somnifère, est un médicament conçu pour induire le sommeil. Bien qu’ils soient couramment utilisés, leur prescription intervient généralement en dernier recours pour les troubles du sommeil en raison de leurs effets indésirables et des risques qu’ils comportent, y compris le potentiel de dépendance. Dans le passé, les barbituriques étaient connus pour leurs propriétés hypnotiques, mais ils ne sont plus utilisés aujourd’hui en raison de leur toxicité et du risque de tolérance et de dépendance élevé. Actuellement, les hypnotiques incluent principalement les benzodiazépines et leurs dérivés, certains antihistaminiques H1, ainsi que la mélatonine.
Quand faut-il prendre un somnifère ?
Les benzodiazépines, les molécules apparentées et les antihistaminiques H1 sont indiqués pour les insomnies occasionnelles ou temporaires chez les adultes, mais uniquement lorsque le trouble est grave, invalidant ou provoque une grande détresse. Le Théralène® est également prescrit pour les enfants de plus de 20 kg en cas d’insomnie d’endormissement due à un état d’hyperéveil, après l’échec des mesures comportementales seules. La mélatonine est recommandée pour l’insomnie primaire caractérisée par un sommeil de mauvaise qualité chez les patients de 55 ans ou plus (pour le Circadin®), ainsi que pour l’insomnie chez les enfants et les adolescents de 2 à 18 ans présentant un trouble du spectre autistique et/ou un syndrome de Smith-Magenis, lorsque les mesures d’hygiène du sommeil ne sont pas suffisantes.
Comment fonctionne un somnifère ?
Les benzodiazépines et les molécules apparentées agissent en inhibant le système nerveux central grâce à l’activation des récepteurs GABA. Cette action sur les récepteurs GABA a, entre autres effets, celui de provoquer la sédation. Les antihistaminiques H1 bloquent les récepteurs de l’histamine, certains d’entre eux, principalement les plus anciens, possèdent des propriétés hypnotiques. La mélatonine est une hormone naturelle sécrétée par la glande pinéale en fin de journée (lorsque la luminosité diminue) et en début de nuit. Elle joue un rôle dans la régulation du rythme circadien et dans le rythme jour/nuit de l’organisme, et elle a également des propriétés hypnotiques en induisant le sommeil.
Quels sont les principaux de somnifères ?
- Les somnifères les plus connus :
- Les benzodiazépines hypnotiques :
- Loprazolam (Havlane®)
- Lormétazépam (le Noctamide® n’est plus commercialisé)
- Nitrazépam (Mogadon®)
- Seresta®
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- Estazolam (Nuctalon®)
- Lexomil®
- Les antihistaminiques H1 :
- Les médicaments à base de mélatonine en France :
- Circadin®
- Slenyto®
Il est important de noter que d’autres produits à base de plante et mélatonine, sous différentes marques, sont disponibles en vente libre en tant que compléments alimentaires, qui sont des somnifères naturels.
Peut-on obtenir des somnifères sans ordonnance ?
En général, les somnifères ne sont disponibles que sur ordonnance, à l’exception du Donormyl® (et de ses génériques), qui est disponible sans ordonnance. Cependant, même s’il est en vente libre, il n’est pas exempt d’effets indésirables et de dangers. L’utilisation des somnifères est strictement encadrée et ne doit être que très occasionnelle, avec la durée la plus courte possible (par exemple, 4 semaines au maximum pour les benzodiazépines et apparentées). Les médecins évaluent au cas par cas si ce type de traitement est approprié et nécessaire.
Quels sont les effets secondaires des somnifères ?
L’effet indésirable le plus fréquent et le plus problématique des somnifères est la somnolence, qui peut entraîner des chutes, une réduction de la vigilance après le réveil, et même des accidents de la route si l’on conduit, même plusieurs heures après la prise du médicament. Les effets sédatifs peuvent parfois persister pendant la journée. Il est important de noter que la somnolence peut être exacerbée en cas de prise simultanée d’autres substances sédatives, comme d’autres médicaments ou de l’alcool.
Les médicaments de la classe des benzodiazépines hypnotiques et de leurs équivalents présentent des effets indésirables significatifs et des risques importants, nécessitant une utilisation prudente et stricte conformité aux directives médicales.
En arrêtant brusquement un traitement, même de courte durée, on peut observer un phénomène de réaction excessive des symptômes, normalement de courte durée (environ 1 à 2 jours). De plus, l’arrêt abrupt de ces médicaments peut déclencher un syndrome de sevrage, caractérisé par le retour des problèmes de sommeil, une anxiété, de l’agitation, voire de la confusion, des hallucinations ou des crises convulsives.
Ce phénomène est plus fréquent en présence de troubles psychologiques tels que la dépression, en cas de fortes doses ou d’une prolongation du traitement. En outre, si ces médicaments sont utilisés sur une période prolongée, leur efficacité diminue progressivement et peut entraîner une habitude et une dépendance. Cette habitude implique d’augmenter régulièrement les doses, sans nécessairement améliorer l’efficacité.
Il devient de plus en plus compliqué d’arrêter la prise des somnifères par la suite. Par ailleurs, les benzodiazépines et médicaments apparentés sont associés à divers effets indésirables, notamment :
- Maux de tête
- Sensation d’ébriété
- Cauchemars
- Baisse de la libido
- Fatigue
- Faiblesse musculaire
- Troubles digestifs
- Réactions cutanées
- Confusion
- Vision floue
De plus, certaines personnes peuvent faire l’expérience d’une agitation, d’agressivité, de crises de larmes ou de perte de mémoire. Il existe également un risque de soumission chimique, qui se manifeste par un changement de comportement, caractérisé par une absence d’émotion, une perte de mémoire et une désinhibition lorsque ces médicaments sont administrés à des fins criminelles. Les antihistaminiques à usage hypnotique doivent être utilisés avec précaution en raison de leur potentiel de tolérance et de dépendance, et ils présentent des effets indésirables tels que :
- Somnolence
- Sensation de vertige
- Chutes dues à une hypotension orthostatique
- Bouche sèche
- Tachycardie
- Rétention urinaire
- Constipation
- Risque de glaucome
- Confusion mentale
La mélatonine présente un profil de tolérance plus favorable, avec principalement des effets indésirables tels que somnolence, fatigue, maux de tête, anxiété occasionnelle, dépression temporaire, éruptions cutanées ou troubles digestifs plus rares. Cependant, son utilisation nécessite de la prudence, car elle peut modifier l’efficacité ou les effets indésirables d’autres médicaments, voire aggraver une pathologie existante.
Quelles sont les contre-indications des somnifères ?
Tous les somnifères sont contre-indiqués en cas d’allergie à la substance active ou à l’un des excipients du médicament, et il ne faut jamais combiner deux somnifères.
Les benzodiazépines et les molécules apparentées sont contre-indiquées en cas d’insuffisance rénale sévère, d’insuffisance respiratoire sévère, d’insuffisance hépatique sévère, de syndrome d’apnée du sommeil, de fatigue musculaire ou de réaction allergique à ces substances ou à un excipient du médicament.
Elles ne sont pas recommandées pendant la grossesse ni pendant l’allaitement. De plus, ces médicaments peuvent interagir avec d’autres médicaments et entraîner des effets graves, notamment une dépression respiratoire.
Les antihistaminiques hypnotiques sont déconseillés chez les personnes ayant des antécédents de glaucome à angle fermé et des problèmes urinaires ou de prostate. Le traitement ne doit pas excéder 4 semaines et doit être utilisé avec précaution chez les personnes âgées et celles présentant de la constipation, des troubles cardiaques, de l’apnée du sommeil, ou encore une insuffisance hépatique ou rénale.
Les médicaments Théralène® et Phénergan® sont également contre-indiqués en cas d’antécédents d’agranulocytose liée à d’autres phénothiazines, ainsi que pendant la grossesse et l’allaitement. Ils peuvent également abaisser le seuil épileptogène et doivent donc être utilisés avec prudence chez les personnes épileptiques. En outre, ils sont photosensibilisants, ce qui signifie qu’il faut éviter toute exposition au soleil.
Ces médicaments peuvent également être potentiellement dangereux s’ils sont associés à d’autres médicaments, tels que des atropiniques, des neuroleptiques, des médicaments réduisant le seuil épileptogène, ou des dépresseurs du système nerveux central. Le Théralène® est contre-indiqué en cas de maladie de Parkinson ou d’antécédents du syndrome malin des neuroleptiques.
La mélatonine est déconseillée en cas de grossesse et d’allaitement, chez les enfants et adolescents (sauf cas particuliers), en cas de maladie inflammatoire, auto-immune, d’épilepsie, d’asthme, de troubles de l’humeur ou de la personnalité, et en cas de prise d’autres médicaments.
Tous les somnifères doivent être utilisés avec une grande prudence en cas de risque de chute ou d’accumulation d’effets sédatifs, en particulier chez les personnes âgées, en cas d’hypotension orthostatique, lors de la prise d’autres médicaments sédatifs, ou en cas de consommation d’alcool.
Il est essentiel de faire preuve d’une vigilance extrême lors de la conduite de véhicules ou de l’utilisation de machines, même pendant la journée, car ces médicaments peuvent entraîner des accidents.
